Des Egyptiens que j’ai connus à Paris Karim Wissa et Hassan Behnam : l’art de mettre la culture au service des relations économiques
Les Causeries du vendredi à Paris
Des Egyptiens que j’ai connus à Paris
Karim Wissa et Hassan Behnam : l’art de mettre la culture au service des relations économiques
Parmi les personnalités égyptiennes les plus éminentes ayant travaillé à l’ambassade d’Egypte à Paris, Karim Wissa occupe une position distinguée malgré sa discrétion, son appartenance à une célèbre famille copte (Il faut indiquer qu’il est le fils de la grande experte en relations internationales Mona Makram Ebeid, elle-même cousine du grand expert égyptien résidant à Paris Chérif Makram Ebeid), et sa maîtrise de la langue française au point qu’il possédait des livres de littérature et d’histoire de même que des livres sur les arts et l’histoire de l’Occident.
Si l’on sait que Karim Wissa occupait le poste de conseiller commercial à l’ambassade d’Egypte à Paris, on est étonné de sa capacité à combiner sa spécialité en économie et son amour de la littérature et des arts sous toutes leurs formes.
Les relations économiques entre l’Egypte et la France ont prospéré lorsque Karim Wissa était conseiller commercial, parce qu’il connaissait parfaitement les entreprises industrielles françaises qui investissent en Egypte ou projettent de le faire. Karim Wissa gagna la confiance des investisseurs en France et des responsables politiques en Egypte, et ce fut la clé de son succès. Il faut noter aussi que parmi les causes de l’excellence des relations entre les deux pays au moment où Karim Wissa occupait son poste à Paris figure le fait qu’à l’ambassade de France au Caire travaillait un homme remarquable qui combinait les compétences professionnelles et les plus hautes qualités humaines : je veux parler du regretté Hassan Behnam.
Hassan Behnam, de par sa connaissance de l’Iran, du Liban, de l’Egypte et de la France, maîtrisait toutes les cultures d’Orient et d’Occident, exactement comme Karim Wissa maintenant.
Les deux hommes n’hésitaient pas à m’inviter à parler de l’histoire des relations égypto-françaises dans des colloques consacrés aux relations économiques et commerciales, et c’est ainsi que je parlais de Napoléon, de Châteaubriand et de Champollion, au milieu d’hommes d’affaires et d’industriels intéressés uniquement par les chiffres, les facilités de paiement, les aides et autres.
Les plus importants de ces colloques furent celui tenu au Sénat et celui tenu à l’Institut du Monde arabe, et les deux ambassades n’ont pu jusqu’à maintenant reproduire cette expérience unique, peut-être parce que les circonstances ou les priorités ont changé. Quoi qu’il en soit, le travail de Karim Wissa et Hassan Behnam a été particulièrement bénéfique aux relations égypto-françaises et plus généralement, aux relations franco-arabes. Je ne cherche pas ici à réduire la culture à une simple auxiliaire du domaine économique, leur but étant le bonheur de l’homme et non pas seulement de le considérer comme un vulgaire consommateur. Cela me rappelle ici la phrase de l’ex-ministre français de la Culture et ami Jean-Jacques Aillagon : « Le ministère de la culture devrait être à la fois un ministère de l’Economie et de la culture ».